Un samouraï du Clan du Crabe, un tetsubo dans une main et une boite dans l'autre, retournait vers sa province lorsqu'il rencontra sur le chemin un poète du Clan de la Grue, assis sous un arbre et occupé à contempler un jardin proche.
"Où vas-tu donc d'un si bon pas, Crabe ? Qu'est ce donc que tu tiens ?" demanda le fils de la Grue.
"Je porte un objet inestimable à ma Dame O-Ushi. Elle m'a prévenu de ne laisser personne savoir ce que c'est car il a tant de valeur que l'on donnerait sans hésiter sa vie pour l'avoir," répondit le Crabe.
Le poète était intrigué. Assurément, pensa-t'il, ce ne peut être qu'un poème emprunt d'une telle tragédie que quiconque le lirait mourait le coeur déchiré. "Je dois le voir, mon ami," le supplia le fils de la Grue.
"Je t'ai prévenu de ce qu'il en coûte, Grue," soupira le Crabe en tendant la boite. Comme le poète soulevait le couvercle et jetait un coup d'oeil à l'intérieur, le tetsubo du Crabe s'abattit et s'écrasa sur son crâne. Le Crabe ramassa la boite et reprit son chemin.
Plus loin, il trouva un Scorpion en train de se reposer sur le bord de la route.
"Où te rends-tu donc avec tant de hâte, Crabe? Que transporte-tu dans cette boite ?"
"Je porte un objet inestimable à ma Dame O-Ushi. elle m'a conseillé de ne dire a personne ce que c'est, car l'objet pourrait être fatal à quiconque le toucherait," répondit le Crabe.
La curiosité du Scorpion fut piquée. Assurément, pensa-t'il, la boite devait renfermer une dague enduite de quelque rare poison exotique qui causerait la mort de celui qui le toucherait. Voilà sans aucun doute ce que voulait dire le Crabe. "S'il te plaît, mon ami Crabe, je dois regarder à l'intérieur de la boite."
"Le Crabe réfléchit un moment, puis acquiesça, et dit "Souviens-toi, cependant, Scorpion, que je t'ai averti du danger." Le Scorpion prit délicatement la boite et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Le tetsubo du Crabe s'abattit et défonça le crâne du Scorpion. Le Crabe ramassa ensuite la boite et s'en fût de nouveau sur son chemin.
Peu après, il rencontra un fier samouraï Lion qui s'entraînait à l'escrime.
"Bien le bonjour, ami Crabe. Où portes-tu donc cette boite avec une telle diligence ? Que contient-t'elle ?" demanda le Lion.
"Je porte un objet inestimable à ma Dame O-Ushi. Elle m'a prévenu que personne ne doit savoir ce dont il s'agit. Elle m'a dit qu'il pouvait leur coûter la vie à beaucoup d'hommes," répondit le Crabe.
"L'intérêt du Lion était éveillé. Assurément, pensa-t'il, la boite contient un plan de bataille d'une telle ingéniosité qu'il permettrait à une armée d'annihiler l'ennemi. Ce devait être ce que le Crabe voulait dire. "S'il te plaît, ami Crabe, je dois regarder dans cette boite."
Le Crabe se laissa convaincre, mais dit, "Souviens-toi, Lion, que je t'ai prévenu du danger." Une fois de plus, alors que le Lion jetait un coup d'oeil dans la boite, le tetsubo du Crabe enfonça son crâne. Et une fois de plus, le Crabe ramassa la boite et continua sa route.
Bientôt, il fut rejoint par une cavalière de la Licorne chevauchant dans la direction opposée. "Ho ! Ami Crabe ! Que transportes-tu là ?" s'enquit la Licorne.
Le Crabe répondit "J'apporte un objet inestimable à ma Dame O-Ushi. Elle m'a averti de ne révéler sa nature à personne, car l'objet est bien trop dangereux pour le non-initié."
La Licorne pesa ces paroles pendant un instant. Assurément, pensa-t'elle, la boite contenait des fers à cheval magiques qui peuvent faire galoper un cheval aussi vite que le vent. Ceux qui ne s'y connaissent pas en équitation serraient jetés à bas d'un tel destrier et tués, mais elle était une Licorne. Ce devait être ce que le Crabe voulait dire. "S'il te plaît, ami Crabe, laisse moi voir ce que tu transportes."
Le Crabe céda en émettant son habituel avertissement. "Je t'ai prévenu de ce qu'il en coûte, Licorne." Comme la Licorne ouvrait la boite, le tetsubo du Crabe s'abattit et mit fin à la vie de la cavalière. Le Crabe ramassa calmement la boite et reprit son voyage.
Il croisa bientôt un shugenja du phénix en train de réviser ses parchemins. "Ami Crabe, où vas-tu si vite ? Que portes-tu qui te fait ainsi presser le pas ?" demanda le phénix.
"Je porte un objet inestimable à ma Dame O-Ushi. Elle m'a prévenu de ne pas révéler ce que c'est à qui que ce soit, car c'est extrêmement puissant et pourrait lui coûter le vie," dit le Crabe.
Le Phénix ne se tint plus. Assurément, pensa-t'il, la boite contenait un antique parchemin d'une telle puissance que seul un shugenja expérimenté pouvait le lire sans risque. Ce devait être ce que le Crabe voulait dire. "S'il te plaît, ami Crabe, fais moi voir cette boite."
Le Crabe lui tendit la boite, en disant "Souviens-toi que je t'ai prévenu des éventuelles conséquences, Phénix."
Lorsque le phénix ouvrit la boite, le tetsubo du Crabe s'abattit et le tua. Son fait accompli, le Crabe ramassa la boite et reprit son chemin.
Il arriva finalement à la Muraille de Kaiu et fut mené devant Hida O-Ushi "Et bien, samouraï, m'as tu apporté l'objet ? As tu fait ce que je t'ai demandé ?"
Le samouraï du Crabe sourit et s'inclina "Oui, ma Dame, je l'ai fait." Le Crabe se redressa, jeta négligemment la boite et tendit le tetsubo à O-Ushi. "Comme vous me l'avez demandé, je vous ai apporté votre nouveau tetsubo. Et j'ai vérifié son équilibre par cinq fois."